Poltergeist

Poltergeist

hantises

 

par Johann MATHIEU

Parapsychologie N°1, déc. 1975

 

Depuis de nombreuses décennies, des chercheurs ont étudié le problème des maisons hantées.

Le phénomène a été mis en évidence d'une façon absolument parfaite. Contentons-nous de rappeler les classiques ouvrages de TIZANE (1), les études de BENDER (2) et de ROLL (3), pour ne citer que quelques noms représentatifs d'un travail international.

Le commandant TIZANE nous a montré de quelle manière cerner le "sujet", épicentre du phénomène, en déterminant les diverses productions auxquelles nous pouvons nous attendre (grêle de pierres, déplacements d'objets, etc.), les différents comportements du sujet, les diverses réactions du milieu au sein duquel le phénomène survient.

Mais un phénomène reste à ce jour non résolu (ou seulement partiellement), celui de la dynamique réelle du sujet en rapport avec son milieu et de la hantise en rapport avec le milieu.

Si des propositions telles que "sujet d'âge pubertaire", "adolescent en situation conflictuelle", etc. nous renseignent sur un aspect énergétique du phénomène, elles n'en demeurent pas moins inefficaces pour comprendre la "véritable situation".

I - TENTATIVE DE DEFINITION OBJECTIVISTE DE LA PETITE ET DE LA GRANDE HANTISE.
  1. HISTORIQUE.

    a) Vocabulaire.

  2. Nous avions intitulé notre article, au départ, "les Poltergeists". Le terme est d'usage courant et il est aujourd'hui utilisé par de nombreux spécialistes - particulièrement les anglo-saxons.

    Cette expression vient de l'allemand et signifie "esprit frappeur", caractérisant à l'origine ce que l'on nomme "raps", soit des bruits (vibrations moléculaires) de toute nature et de toute intensité (d'origine inconnue) que l'on rencontre donc fréquemment dans des maisons dites hantées.

    Ce mot "poltergeist" prend sur le registre des interprétations une place particulière liée à l'hypothèse spirite sous-jacente qui avait au siècle dernier une valeur prépondérante. Ne voulant pas rentrer dans le domaine des interprétations, nous nous posons donc tout d'abord un problème de vocabulaire, puis nous allons tenter de définir la petite hantise et la grande hantise à partir des éléments objectifs dont nous disposons. Le Larousse donne pour le mot hanter les synonymes suivants : fréquenter, visiter fréquemment.

    Le mot pris dans ce sens s'applique parfaitement bien aux "hantises" décrites au début du siècle par les pionniers de la S.P.R. (4) ou d'autres comme BOZZANO (5), qui correspondaient à des phénomènes de hantise de type subjectif (pouvant aller jusqu'à l'objectivation), appelés aujourd'hui percipience. La parapsychologie était alors en gestation.

    Par contre, le ROBERT nous propose pour hanter : influence d'une personne ou d'un groupe...

    Il est intéressant de constater - à travers ces deux définitions - l'évolution implicite des idées qui correspond historiquement à une transformation réelle de l'approche du phénomène : nous sommes allés d'une approche dirigée vers l'extérieur (spiritisme et magnétisme), à une approche tournée vers l'intérieur, vers l'Homme, mettant en jeu des techniques relevant de la psychologie, de la sociologie, de la psychanalyse, etc...

    Nous choisirons donc délibérément de parler de hantise.

    Les américains par la voix de l'A.S.P.R. (6) emploient cette formule : R.S.P.K., qui signifie : phénomène PK spontané récurrent (qui revient ou semble revenir sur lui-même) formule qui caractérise ce que nous appelons la petite hantise dans laquelle un sujet tient une place prépondérante.

    Pour de nombreux chercheurs, petite hantise et poltergeist sont devenus synonymes. L'incident paraît lié à un individu en situation conflictuelle, généralement d'âge pubertaire, qui extériorise des conflits par l'intermédiaire du vecteur Psi. Cette extériorisation, sur un plan matériel, peut prendre toutes les formes possibles (raps, télékinésie, apports, bruits, odeurs, déplacements d'objets, destruction, disparition, etc ... ). Il n'y a aucune limite que celle de l'imagination. La petite hantise se définira objectivement comme un événement limité dans le temps et dans l'espace en relation avec un groupe social restreint centré sur un individu.

    La terminologie classique oppose à ces manifestations la grande hantise qui semble ne pas être liée à un individu particulier et se produire sur une séquence beaucoup plus longue (jusqu'à plusieurs siècles). On peut définir la grande hantise objectivement comme un événement PSI spontané se produisant dans le même lieu.

    Nous nous apercevons que les phénomènes observés - dans la grande hantise - s'insèrent dans la phénoménologie du PSI et sont fréquemment du même type (exemple : raps, apports, etc.) (7) mettant en scène un thème qui gravite autour d'une histoire réelle ou d'une légende, connue par une population importante.

    Comme système explicatif, nous connaissons l'hypothèse spirite, occultiste, chrétienne, tellurique, et celle de la psychométrie ou mémoire des murs.

    En Europe, comme aux U.S.A., la distinction est toujours très nette entre petite hantise et grande hantise. W.G. ROLL sépare rigoureusement ces deux phénomènes, que ce soit dans son dernier livre "POLTERGEIST" (8) ou dans son dernier article, paru dans l'A.S.P.R. News letter (9) où nous pouvons lire :

    "Hauntings usually last over a long period of time. Also, as a général rule, there seems to be no (living) person around whom hauntings revolve... People offen believe that the events are caused by "spirits"... But we must not assume this is so though it's an important question not to be taken lightly ... "

    De plus, pour les grandes hantises, la question est laissée en suspens... faisant planer un doute... un résidu de mythe, qui se trouve être un élément dynamisant d'une importance considérable auprès du public américain : il n'est que de voir les fonds (legs et autres) qui sont destinés aux recherches sur la survivance et sur les problèmes connexes. Nous allons essayer de dissiper ce doute, non que nous rejetions totalement cette hypothèse implicite, mais auparavant nous étudierons si une hypothèse Psi, de type classique, mettant enjeu le champ Psi individuel et collectif, n'intervient pas dans ce genre de phénomènes tout comme dans les petites hantises.

     

    b) Evolution.

    Ces phénomènes de hantise sont connus depuis la plus haute antiquité et sont apparus sur tous les continents.

    Nous retrouvons des traces de "pluies de pierres" dans divers documents anciens. Une comédie de PLAUTE, la Mostellaria, a pour sujet une maison hantée (10). Chez les Romains, des dispositions légales prévoyaient des ruptures de contrats de location dans des cas de maisons hantées, à condition que le plaignant justifie le fondement de ses accusations. Ces dispositions juridiques ont été appliquées en diverses régions européennes (Espagne, Allemagne, Belgique, France, etc ... ).

    Le Parlement de Bordeaux, jadis, a souvent tranché des litiges de ce type par l'application de cette loi, alors que rapidement le Parlement de Paris fut plus circonspect et hésitait à donner raison au plaignant.

    MAXWELL, l'auteur des "phénomènes psychiques" (11) qui fut procureur général près la Cour d'Appel de Bordeaux, a retrouvé trace de nombreux écrits et arrêts rendus par le Parlement de la ville au 18è siècle, d'où l'importance de la part des juristes d'un travail en parapsychologie, tant du point de vue historique qu'éthique et déontologique, pour déboucher sur une véritable "plate-forme" interdisciplinaire.

    Nous avons déjà souligné que ces phénomènes survenaient en tous points du globe, tant en Europe qu'aux Amériques. En France il s'en est produit dans tous les départements. Signalons que les raps, dans les petites hantises de 1900 à 1950, représentent le tiers des cas.

    Nous les trouvons dans tous les milieux, à la ville comme à la campagne. Leur durée varie de quelques heures à plusieurs années. Si le cas de Savigny s'étend sur 18 mois (!), les chroniques rapportent que vers l'an 1000 il plut des pierres près du château de Joigny, durant trois années, sur la maison d'un gentilhomme, sans jamais blesser personne !

    Voici une carte que nous devons au Commandant TIZANE, sur laquelle sont inscrites les petites hantises françaises de 1900 à 1950. Seuls les cas bien authentifiés y sont inscrits. Si tous les départements ne sont pas occupés, c'est que les documents officiels manquaient ou étaient insuffisants.


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